AGCS
Accord
Général du Commerce des Services
—
Fiche technique —
Qu'est-ce
que l'AGCS ?
L’Accord Général
sur le Commerce des Services (AGCS) est un accord négocié
dans le cadre de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
Il consacre le principe du libre-échange.
Objectifs
et portée de l’AGCS :
-
Eliminer, de manière irréversible, toutes les entraves
à la libéralisation du commerce des services à l’échelle
mondiale.
Il
s’agit d’une part, de mettre en œuvre la mise en
concurrence globale des services et d’autre part, d’éliminer
les obstacles qui limitent les échanges internationaux de
ces services.
Moyens
de l'AGCS :
-
L'accord prévoit une libéralisation progressive dans le
temps. Toute exception, exemption, limitation accordée est
temporaire et périodiquement révisable.
-
Services concernés :
Les
services concernés sont classés en 12 secteurs et 161
sous-secteurs (classification en constante évolution) :
Services aux entreprises (recherche & développement);
Communication; Environnement; Travaux publics et ingénierie;
Distribution; Education; Finance; Loisirs/culture/ sports; Santé/services
sociaux; Tourisme, Transports; "Autres" services non
compris ailleurs, où l’on retrouve désormais l’énergie,
auparavant considérée comme un bien.
En
somme, pratiquement tous les services sont concernés par
l'Accord, sauf ceux de la Justice, de la police (sauf
milice), de la défense, et les services religieux.
-
Modes de fourniture des services
L’AGCS
définit quatre modes de fourniture des services pour
lesquels l'accord s'applique :
Mode
1 ou prestation transfrontalière : Le service passe la
frontière, partant d’un autre pays pour être consommé dans
un autre (ex : télécommunications internationales…)
Mode
2 ou consommation à l’étranger :
le
consommateur passe la frontière (ex : vous allez faire du
tourisme aux Baléares…)
Mode
3 ou présence commerciale :
le
fournisseur passe juridiquement la frontière pour venir
investir dans un pays étranger.
Mode
4 ou mouvement temporaire de personnes physiques :
le fournisseur du service recrute à l'étranger des salariés
embauchés pour une certaine période (6 mois maximum) pour exécuter
la mission de leur contrat de travail dans un autre pays (ex :
recrutement de personnels à l'étranger, pour un travail dans
un pays de l'Union européenne).
Si
les deux premiers modes sont relativement classiques, le mode
3 réintègre la plupart des dispositions de l’AMI (Accord
Multilatéral sur l’Investissement) combattu en son temps (en
1998). Le 4ème mode soulève également beaucoup
d’inquiétudes concernant l’érosion des conquêtes
sociales, des conditions de travail et de rémunération, la précarisation
des travailleurs des pays industriels comme des pays en voie de
développement par leur mise en concurrence féroce voire déloyale.
-
Mise en œuvre de la libéralisation progressive :
Deux
étapes sont prévues dans la libéralisation de la
commercialisation des services :
1ère
étape : Les "disciplines
générales"
-
Application de "la clause de la Nation la Plus Favorisée
(NPF)": le pays
ne doit pas accorder de faveur à un autre membre sans
l’accorder à tous.
-
Réglementation intérieure : –
institution de juridictions et/ou procédures spéciales pouvant
être directement saisies par les fournisseurs de services afin
de réviser les décisions administratives affectant le commerce
des services et de prendre les mesures correctives.
–
Soumission aux « disciplines » élaborées par
l’OMC concernant les prescriptions et procédures
en matière de qualifications, les normes techniques et les
prescriptions en matière de licences afin qu’elles ne
constituent pas "d’obstacles non nécessaires" au
commerce des services.
-
Subventions : considérées comme des "distorsions
à la concurrence" (art 15 de l'Accord), elles
sont vouées à disparaître. Un risque important existe de voir
les budgets relatifs au financement des services publics assimilés
à des subventions.
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- Dispositions touchant les services engagés (sauf
restrictions vouées à élimination):
-
Accès au marché : Suppression à terme des
règles en matière de limitation du nombre de fournisseurs, des
montants des investissements et des volumes des transactions.
-
Traitement national :
Les pays membres doivent accorder un traitement non moins
favorable aux fournisseurs étrangers qu’aux services et
fournisseurs de services similaires nationaux.
Les
Etats peuvent prendre des mesures nécessaires à la protection
de la moralité publique, le maintien de l’ordre public, la
protection de la santé et de la vie des personnes etc., mais
à condition de respecter les règles de l'OMC.
Efficacité
des décisions prises dans le cadre de l'OMC
C'est
l’ORD (l'Organisme de règlement des différends) qui est
chargé d'appliquer les règles du commerce international définies
par l'OMC. L'ORD comprend des « panels »
d’experts, haut fonctionnaires internationaux. Les délibérations
sont confidentielles, les débats ne sont pas publics. L'ORD a
la faculté des "représailles croisées", c'est-à-dire
d'autoriser un pays qui aurait porté plainte et gagné contre
un autre de fixer la liste des produits en provenance du pays
perdant qu'il surtaxe à l'entrée de son territoire. Ainsi,
l'UE doit s'acquitter de quelques 350 millions de $ par an auprès
des Etats-Unis pour avoir refusé d'importer du bœuf aux
hormones.
Calendrier
des négociations
Concernant
les 15 pays membres de l’Union Européenne, c’est la
Commission Européenne, par la voix de son mandataire Pascal
Lamy, commissaire européen au Commerce, qui négocie les
engagements de l’AGCS.
En
1995, une série d’engagements a eu lieu. A cette occasion,
l’Union Européenne a déjà engagé 120 sous-secteurs, dont
des pans relatifs à la santé, à l’éducation, aux services
environnementaux… Chaque pays a établi des listes de demandes
de libéralisation à chaque autre membre. Puis, chaque pays a
établi la liste des secteurs qu’il offre à l’engagement.
La Commission européenne a adressé ses offres à l’OMC fin
avril 2003.
Le grand marchandage mondial peut désormais
commencer : « je t’offre l’ouverture de tel
service si tu me donnes celui-ci »… Après Cancun,
les hauts-fonctionnaires se retrouvent à Genève pour continuer
la négociation.
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